
Changement de pneus… en spéciale
Le Rallye Monte-Carlo a souvent vécu au rythme de rebondissements incroyables, avec des écarts conséquents sur quelques kilomètres de course à peine, la plupart du temps liés aux conditions météorologiques...
(illustrations Constructeur)
Vu les régions où il passe, souvent en altitude, se succèdent, parfois sur une même journée, voire sur… une seule spéciale, revêtement asphalté sec ou mouillé, neige fraîche, voire verglas ou même congères. Et d’une spéciale à l’autre, le terrain peut changer du tout au tout… Face à ces données totalement improbables, on comprendra aisément la difficulté de l’exercice…
Même s’il est vrai que ce type de scénario dantesque s’est plutôt fait rare ces dernières années, il n’en demeure pas moins que le choix des pneus sur ce rallye reste crucial.
En fait, le Monte-Carlo est sans doute la seule épreuve du mondial des rallyes, voire la seule au monde, sur laquelle des pneus peuvent à ce point avoir une influence, jusqu’à s’avérer déterminante.
Il existe une multitude de cas et d’exemples, mais celui de Lancia en 1984 est sans doute le plus particulier.
C’est dans la nuit du 23 au 24 janvier qu’est prévue la spéciale de Saint-Jean-en-Royans, 3e épreuve chronométrée du rallye. Si la route est sèche en première partie, la neige est bel et bien présente pour la suite de ce secteur chronométré tracé au cœur du Vercors.
Leurs pneus « neige » se montrant peu efficaces, les Lancia Rally 037 sont à la peine. Ne pointant qu’aux 8e et 9e rangs (Attilio Bettega et Markku Alén), elles ne sont pas précédées que par les Audi Quattro, qui profitent de leurs quatre roues motrices pour dominer ce début de course enneigé, mais également par d’autres 2 roues motrices, soient-elles propulsions, comme les Renault 5 Turbo de Bruno Saby et Jean-Luc Thérier (ce dernier en dépit d’une touchette !), ou encore tractions, avec notamment la « petite » VW Golf GTi Gr. A officielle de Kalle Grundel. Assurément, il faut réagir du côté de la Scuderia…
Cesare Fiorio, directeur sportif de l’équipe italienne, décide alors de tenter un coup de poker : ses voitures partiront en pneus « Racing » qui, à mi-spéciale, seront… remplacés par des pneus « neige« . Une équipe de mécanos est donc envoyée au point prévu, les changements se passent pour le mieux et l’opération réussit !
Malheureusement, le scratch signé par Alén ne servira pas ; l’accident mortel d’un spectateur mal placé, percuté par l’Audi de Guy Chasseuil, entraîne l’annulation de la spéciale.
Plus tard, après que Lancia ait encore procédé, sans trop de succès cette fois, à de telles opérations, ce genre de manœuvre sera interdite par les instances dirigeantes…