
Si l’implication officielle de Porsche en rallye s’est terminée en 1971 avec des 914/6 qui ne pouvaient rivaliser avec la nouvelle reine des routes, l’Alpine A110, la 911 est souvent revenue sur le Monte-Carlo à titre privé, avec à la clé quelques coups d’éclat.
(08.12.2024 – illustrations constructeurs et D.R.)
Après une édition peu heureuse (abandon – moteur) avec la nouvelle Opel Kadett GT/E Gr. 4 (un des rares apparitions de la version Gr. 4 de ce modèle), pour 1978 Jean-Pierre Nicolas décide d’aligner, à titre privé, une Porsche Carrera RS 3.0 de chez Alméras au Monte-Carlo. Mais quelques jours avant le départ, gros coup de théâtre, le sponsor initial se désiste… En dépit d’un équipier (Vincent Laverne) bloqué dans la neige à Isola 2000 ou encore de reconnaissances tronquées et entrecoupées par d’innombrables rendez-vous pour sauver la situation, l’équipe du préparateur de Montpellier continue de préparer cette participation qui, à 3 jours du départ, se confirme grâce à Gitane, qui sauve cette opération in-extremis. De son côté, Michelin donne un coup de pouce à « Jumbo » (surnom donné à JP Nicolas) en lui fournissant les gommes à monter sur les 70 jantes qui seront réparties sur les quatre camionnettes et breaks d’assistance, ces véhicules étant eux-mêmes occupés par des potes… n’étant pas nécessairement des mécaniciens !
La voiture est repeinte aux nouvelles couleurs en dernière heure et c’est affublé du n° 3 que Nicolas / Lavergne quitte Monte-Carlo pour le Parcours de Concentration, qui les mène à Gap d’où les choses sérieuses commencent. Partis à leur main, ils restent au contact de l’armada Fiat, grandissime favori et qui, dans un premier temps, mène effectivement les débats avec les… Renault 5 Alpine Gr. 2. Alors que l’on a connu 4 changements de leader en 6 spéciales, avec Fulvio Bacchelli (Lancia Stratos HF), Walter Röhrl (Fiat 131 Abarth), Guy Fréquelin (Renault 5 Alpine) et de nouveau Röhrl, la Porsche Alméras relègue tout le monde à près de 30″ au terme des 25 km de Pont-des-Miolans (ES7) et pointe désormais en tête. Une position qui restera sienne jusqu’au retour définitif sur le port de Monaco. Un véritable exploit totalement inattendu !

1981 : Victoire volée
Un peu inspiré par cette opération couronnée de succès, Jean-Luc Thérier et Michel Vial remporteront une victoire tout aussi surprenante au Tour de Corse 1980 à bord d’une 911 SC, toujours de chez Alméras. Et pour peu, ils refaisaient le coup de Nicolas au Monte-Carlo en janvier 1981. Profitant de l’abandon de Hannu Mikkola, roue avant gauche et suspension de l’Audi Quattro arrachée après avoir tapé à La Motte-Chalancon / St-Nazaire-le-Désert, « le Normand » s’emparait du commandement. Avec plus de 3 minutes d’avance, il lui suffisait de gérer son avance durant le Parcours Final. La 5e victoire de Porsche sur le « Monte » était au bout du chemin.
Mais c’était sans compter sur la bêtise malfaisante de spectateurs crétins. La nuit du Turini débute par un passage sur Moulinet / La Bollène, dont les 22 km sont à peine parsemés de quelques plaques de glace pour ainsi dire insignifiantes. Passé le Col du Turini, la descente est sèche, mais 2 km après le col, Thérier se fait piéger au détour d’un virage où quelques écervelés ont jeté de la neige. Grâce à son adresse incroyable, il aurait pu passer, mais une borne kilométrique à moitié enfuie dans la neige accumulée sur le bas-côté en décide autrement… Roue arrière droite heurtée, transmission cassée (souci bénin, mais irréparable avec les moyens du bord), c’est l’abandon. Jean Ragnotti lui succèdera en tête et offrira à la Renault 5 Turbo sa première victoire en mondial. On rappellera qu’en 1969, Porsche avait remporté l’épreuve avec le jeune Waldegård, grâce à l’abandon de Gérard Larrousse (Alpine-Renault A110), victime… de neige jetée sur la route par des spectateurs… au Turini.

1982 : Une der’ catastrophique…
Vainqueur en 1969 et 1970 avec une Porsche 911 S, Björn Waldegård revient en 1982 avec un coupé de Stuttgart, toujours couvé par les Alméras et garni des couleurs Eminence. Ce sera malheureusement un long chemin de croix pour les Porsche (Fréquelin et Thérier ont aussi choisi cette monture), qui seront confrontées à des persistants soucis de suspension. Jamais elles ne seront réellement dans le coup. Pour la petite histoire, appréciant beaucoup la 911, le Suédois l’utilisera encore pas mal en démo ou pour le plaisir, notamment au Monte-Carlo Historique.

En bref
1978 : Victoire Nicolas / Lavergne (911 Carrera RS 3.0 – Alméras).
1981 : Largement en tête,Thérier / Vial abandonne au Turini, en vue de l’arrivée, sur de la neige déposée là par quelques spectateurs écervelés.
1982 : Waldegård revient sur une 911… pour un long calvaire.